Vote de confiance : à Bruxelles, l’inquiétude monte sur la dette française

Dans le contexte international très tendu de ce début septembre, la crise politique qui secoue la France ne suscite peut-être pas dans les milieux européens toute l’attention que mériterait « en temps normal » la chute du gouvernement de la deuxième économie de l’Union européenne.

Attaque de grande envergure contre Kiev autour du week-end, nouvelles intimidations commerciales de Donald Trump, préparation de nouvelles sanctions contre la Russie : il y a des menaces plus graves.

Une personne suit toutefois la situation française de très près : le commissaire aux Affaires économiques, Valdis Dombrovskis. En charge des règles de gouvernance et du Pacte de stabilité rénové en 2024 au terme d’un long conflit entre Paris et Berlin, il regarde attentivement les comptes publics de l’Hexagone.

Trajectoire à respecter

Il a rendu visite, la semaine dernière à Paris, à Pierre Moscovici, premier président de la Cour des comptes, qui a pu lui donner une photographie précise de la situation. Le déficit public de cette année semble pouvoir rester autour de 5,4 % du PIB, comme prévu. Mais quid du déficit de 2026, dans un environnement aussi imprévisible ?

En juin, Valdis Dombrovskis avait adressé à Paris, sinon un satisfecit, du moins un bon point pour son respect de la trajectoire d’ajustement présentée à Bruxelles. « Nous constatons quelques petits dérapages », a alors simplement noté le commissaire letton. Précisant que si ces écarts devenaient des « risques avérés », il faudrait « prendre des mesures pour corriger cette trajectoire ».

Un haut gradé de la Commission remarquait vendredi dernier que, pour l’instant, les marchés ne sanctionnent pas trop l’instabilité politique française. Jeudi dernier, Bercy a pu placer sans difficulté 11 milliards d’euros d’obligations de long terme, mais avec pour les titres à 30 ans un rendement proche des plus hauts niveaux depuis 2009.

Notations

« On sait que dans certaines crises, la situation peut devenir incontrôlable, les taux s’emballer dans un processus irrationnel », s’inquiète ce haut gradé. Les grandes agences de notation vont se prononcer sur la dette de la France au cours de l’automne – dès ce vendredi pour Fitch.

A Bruxelles, un autre sujet fait se hausser bien des sourcils : le débat sur la contribution de la France au budget européen. Qu’un responsable politique à l’ADN aussi européen que François Bayrou converge avec Marine Le Pen pour estimer qu’on doit réduire la contribution française « si on le peut », voilà qui inquiète.

Calcul biaisé

A la Commission, on critique ce pseudo-indicateur de la contribution nette (les contributions brutes amputées des retours de l’Europe), qui ne rend pas compte de la réalité.

« Dans ce calcul, on n’intègre dans les retours que les fonds préfléchés sur des critères géographiques, comme la PAC ou la politique de cohésion, mais pas les fonds alloués sur le critère de l’excellence », explique un haut gradé.

Il cite en exemple les centaines de millions d’euros que vont toucher les usines de batteries de Verkor et ACC en France. Il évoque aussi tous les avantages invisibles de l’appartenance à l’UE.

Il n’en reste pas moins que le débat est lancé et risque de durcir considérablement la position de la France dans les négociations en cours sur le prochain cadre budgétaire 2028-2034.